mercredi 2 février 2011

Les élèves de comptabilité visitent la rétrospective Jean-Michel Basquiat




PRÉSENTATION
Le mardi 23 novembre 2010 lors d’une sortie scolaire au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, nous avons pu découvrir les nombreuses œuvres de l’artiste américain Jean Michel Basquiat.

Né à Brooklyn en 1960 d’une mère portoricaine et d’un père haïtien, il grandit à New York dans un milieu relativement bourgeois. Renversé par une voiture alors qu’il jouait dans la rue à l’âge de huit ans, Basquiat est hospitalisé et opéré de la rate. Pour l’occuper et l’instruire, sa mère lui offre un livre d’anatomie. On retrouvera des planches médicales, des écorchés et des éléments de squelette tout au long de son œuvre. Selon les périodes, ils seront funèbres ou légèrement ironiques.
Très vite il commence à exprimer sa marginalité et est proche du milieu underground. A partir de 17 ans, il quitte le foyer familial pour vivre une vie de bohème jusqu’en 1985 où il se fait  connaître grâce à différentes démarches. Grâce à cela, il se lie d’amitié avec Andy Warhol, l’artiste phare des années 80. Fulgurante carrière de Basquiat qui commence en 1977 dans la rue avec des graffitis qu’il signe du nom de SAMO (same old shit). Malheureusement, vivant mal son succès, il meurt d’une overdose à 27ans, le 12 août 1988.
Il dénonce tous les symboles de la société de consommation américaine, la pauvreté urbaine et la médiatisation exacerbée. Il peint aussi des éléments tirés de sa vie dans la rue (les voitures, les bâtiments, les policiers, les graffitis...). Il absorbe la ville et la société qui l’entourent et se les approprie ; voitures, panneaux de signalisation, publicités, dessins animés, sports… La foule des éléments de la vie quotidienne l’inspire. La question du racisme le hante. La majorité de ses toiles évoque la difficulté d'être noir.
Les grandes émotions qui se dégagent de son style sont la violence, la souffrance, la tristesse, l’originalité.
Amandine, Emmeraude, Slimane et Mathis
J’estime que Basquiat mérite qu’on s’intéresse à lui. Car voyez-vous, Basquiat est quelqu’un de mystérieux qui exprime la rage ; comme de nombreux artistes, il était malheureux et souffrait.
À voir ses œuvres, rien de très fascinant à première vue : beaucoup de gribouillages, des personnages mal dessinés, le plus souvent squelettiques, aux visages ressemblant à des masques déformés. Voilà un peintre dont je ne m’attendais pas qu’on puisse l’exposer dans un musée.
Or, quand on connaît son vécu, ses tableaux prennent une autre dimension.
En effet, tout cela a commencée à huit ans après un accident de voiture qui a marqué sa vie. Lors de son hospitalisation, sa mère, qui l’avait emmené au musée dans son enfance, lui fait un étrange cadeau : un livre d’anatomie, The Grays’ Anatomie. C’est de là qu’il naît artiste.
On comprend alors que dans ses œuvres on retrouve cette obsession des parties du corps humain comme des poumons, cerveau. Ses toiles sont autant d’écorchés.

Je pense véritablement que ses œuvres sont intéressantes tout autant que l’artiste lui-même.
Ses tableaux sont très différents, souvent imparfaits à nos yeux contrairement à ceux des peintres classiques. Mais sa maîtrise des couleurs en fait un grand artiste coloriste, à la suite de Van Gogh et des expressionnistes. Basquiat n’hésite pas avec les couleurs, on voit qu’il leur accorde beaucoup d’importance car c’est par elles qu’il exprime ses émotions.

L’art contemporain peut donc toucher n’importe qui, il s’offre à tous. Il faut juste se laisser happer par des émotions. Car comme disait justement Marcel Proust :
« Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre, et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune.
Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et, autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition. »
Josiane






UNE JEUNESSE À NEW YORK


Au cours de la sortie au musée des Arts Modernes de Paris, nous avons vu de nombreuses œuvres de Jean-Michel Basquiat, peintre du milieu underground. Je me suis attardé devant l’une de ses premières œuvres, un tableau peint en 1980. Jean-Michel Basquiat est un des premiers artistes-peintres noirs à être médiatisé. Ses premières œuvres ayant été des graffitis, nous retrouvons son style underground dans ses peintures. En effet, cette œuvre est peinte sur de la tole, et non sur une toile comme toutes les peintures se doivent de l’être à l’époque.

Ce tableau met en scène, au premier plan et sur la partie inférieure de la plaque, deux voitures qui vont entrer en collision. Un peu plus haut, vers le milieu du tableau, se trouve un avion. Plus haut, nous voyons clairement le message : « New York New Wave », ainsi qu’une fenêtre. Le tout tagué à la bombe. En bas du tableau se trouve un autre dessin à la bombe, un carré contenant le sigle « PG ».
Si nous essayons d’analyser ce tableau, plusieurs interprétations sont possibles. Cependant, le peintre n’ayant pas donné de titre à cette œuvre, il est très difficile d’obtenir l’analyse exacte, telle que l’auteur pouvait la concevoir. Je vais donc vous proposer mon analyse.
Tout d’abord, les deux voitures folles symbolisent sans nul doute l’accident qu’a eu Basquiat. Je n’ai malheureusement pas d’explication pour le carré où il est inscrit « PG ». Pour l’inscription « New York New Wave », Jean-Michel Basquiat a voulu nous montrer où et comment tout a commencé pour lui. En effet, c’est à Manhattan, un quartier de New York où il a commencé à peindre à la bombe dans la rue. Ses graffitis étant inspirés par le style underground et new wave, cette hypothèse est plausible. Pour le reste, ce ne sont que des suppositions, l’absence d’information ne pouvant nous aiguiller dans un chemin précis. Les multiples « A » et le « O » près de l’avion pourraient faire référence aux hurlements de terreur ou de douleur que le peintre a poussés lorsqu’il a eu son accident. Cependant, il peignait dans un studio en regardant la télévision et en écoutant la radio, et il se trouve que Jean-Michel Basquiat adorait l’opéra. Il se peut qu’il ait peint ces voyelles afin de rendre sa peinture plus musicale à qui saurait l’entendre. Pour l’avion et la fenêtre, cela me fait penser aux rêves d’évasion qu’enfant il a dû imaginer sur son lit d’hôpital. Une autre possibilité serait la description du rythme de vie New-Yorkais tel que le décrit Jean Baudrillard : la foule et le trafic animent cette ville. Ils font partie d’elle.
Ce tableau est vraiment provocant car il sort du moule que l’on se fait de la peinture. On quitte la toile pour passer au matériel de bricolage. À cela s’ajoute la bombe de peinture en guise de pinceau. Jean-Michel Basquiat est sans conteste un artiste jouant avec la provocation pour imposer son style particulier.
Romain



C’est une œuvre de Jean Michel Basquiat, sans titre comme la plupart de ses peintures, réalisée en 1981 sur toile avec de l’acrylique, du pastel gras et de la peinture.

J’ai choisi ce tableau car c’est celui qui m’a non seulement le plus touché mais aussi le plus inspiré. Cette œuvre m’a ému par ce qu’elle raconte mais aussi par ses couleurs très vives qui correspondent bien au contexte historique. Basquiat y raconte son histoire personnelle ; le tournant de sa vie, la naissance de son talent et une passion pour la peinture.

Dans cette œuvre il raconte son accident. En effet, on constate un bonhomme fait en transparence pour qu’on remarque l’anatomie de la personne, avec un contour noir pour représenter sa couleur de peau, le noir dont il était fier. Du rouge étalé sur tout le corps nous indique le sang, ses blessures. Des voitures et des avions nous montrent la densité de la circulation des rues new-yorkaises. Parmi ces voitures on remarque une voiture avec une croix : il a failli y rester. Basquiat exprime une forte souffrance dans cette peinture, il nous la fait ressentir avec des couleurs très appropriées comme le rouge, le noir, le gris.
Pour conclure, cette œuvre  m’a fait complètement changer mon avis personnel sur Basquiat, j’y ai vu un homme qui en a gros sur le cœur, un homme marqué par les blessures de son enfance notamment son accident. Il utilise un style plutôt violent parfois provocateur comme pour dénoncer quelque chose, la société sans doute et la discrimination à cette époque. J’y ai vu un homme qui, par timidité, utilise la peinture et le graffiti comme moyen d’expression.
Bourama



Parmi toutes ces oeuvres, il y en a une qui m'a particulièrement marquée. Malheureusement, elle n'a pas de titre, mais elle met en scène une collision de deux voitures. Je pense que cette oeuvre représente l'accident de Basquiat quand il était jeune. 
L'oeuvre, faite avec de la peinture acrylique et du pastel gras, date de 1980. Elle a été composée sur toile en grand format (elle est donc imposante) et est montée sur un châssis en bois. Cela donne un effet d'imperfection : Basquiat fait semblant de ne pas s’appliquer, la toile est déchirée, mal montée sur le châssis.

Cette peinture représente deux voitures qui se heurtent : la voiture de gauche est verte, avec une fenêtre jaune, une roue noire et une roue rouge. La voiture de droite est blanche avec les deux roues noires. La collision est au centre, ciblée par un rond qui l'entoure et des gribouillis qui montrent les voitures abîmées, cassées. Au-dessus, à droite, il y a une fenêtre à moitié jaune. Une ligne rouge encadre cette scène. Enfin, on peut y retrouver des mots comme "catalyst" ou des lettres comme "MLK" qui évoquent le mot « Milk » qu’on lit partout à New-York sur les camionnettes. Le fond est de couleur ocre. L'imperfection de cette oeuvre, c'est-à-dire les dessins, les voitures mal faites, comme en croquis, et cette toile déchirée, mal accrochée semblent renvoyer à son enfance.
Mais ces lettres « MLK » sont aussi les initiales de Martin Luther King, pasteur afro-américain très connu pour son pacifisme et sa lutte pour les droits civiques des Noirs. Basquiat avait un immense respect pour les personnalités Noires et leur a rendu hommage dans ses oeuvres.

Il a produit cette oeuvre au début de sa carrière, elle témoigne à la fois de son histoire personnelle et de l’histoire d’un pays.
Zahid







HOMMAGE À LA CULTURE NOIRE ET
LUTTE CONTRE LE RACISME



Charles the First 

Il s’agit de peinture sur toile réalisée en 1982, c'est-à-dire au début de sa carrière. Ce qui nous saute aux yeux sur cette toile, c’est le contraste des couleurs. Voilà qui est cohérent avec le thème abordé par l’artiste : le racisme. En effet le tableau porte le nom du célèbre jazzman noir  Charlie Parker qui, en 1982, a eu le droit pour la première fois de rentrer par la grande porte des salles de concerts dans lesquelles il jouait. Ainsi cet événement a marqué les esprits, dont celui de Basquiat, car les musiciens Noirs sont enfin considérés comme artistes à part entière.
L’admiration de Basquiat envers ce dernier s’exprime par les couronnes que l’on retrouve à droite et à gauche du tableau. Ces couronnes représentent la royauté, donc le dirigeant, c’est-à-dire le pionnier d’une ère nouvelle. Basquiat intègre avec humour un autre signe de puissance, venu de la culture populaire :  le sigle de Superman, à la gauche du tableau. Comme dans la plupart de ses tableaux, Basquiat écrit des mots éparpillés sur la toile. On peut  lire « Opéra » ; Charlie Parker est dans le monde du jazz un artiste à respecter autant que les musiciens d’Opéra. On peut lire aussi « hands », ce qui reprend la métonymie des critiques comme celles du Times : « Magic Hands »,  les mains magiques, c’est Charlie Parker.
Je réalise que cette toile m’a attiré car elle fait passer en plus d’un message, une musique par les mots et les couleurs choisies. Basquiat avait ce don, tout comme Picasso, de transmettre par la toile une musique, ce qui est rare dans l’histoire de l’art.

Mathis





L’œuvre qui a attiré mon attention s’intitule  Famous Negro Athlètes. Cette œuvre a été réalisée au début de son parcours artistique, entre 1978 et 1981. Le support utilisé est du pastel noir gras sur papier.


 




On y voit quatre athlètes noirs : dents serrées, yeux écarquillés. ; ce qui  leur donne l’impression d’être énervés. Basquiat rend hommage aux sportifs Noirs qu’il admire, affirmant ainsi ses convictions politiques. Il dénonce la société américaine et la place  qu’occupaient les afro-américains encore à l’époque.
De façon générale, je dirais que ses œuvres révèlent un fort intérêt pour l’identité noire. Basquiat s’inspire des personnages noirs historiques et contemporains et des événements qui leur sont liés. Il transforme tout ce qu’il touche en art. Par exemple, l’œuvre intitulée Helmet/casque de 1981 où il utilise des cheveux qu’il fixe sur un casque de footballeur. Des cheveux crépus, de Noirs : eux aussi peuvent être des champions !
Emmeraude



         














Zydeco,
1984, Acrylique et pastel gras sur toile, 218,5 x 518 cm
J’ai choisi le tableau « Zydeco » pour lui rendre hommage car je pense que ce tableau est assez représentatif de Basquiat. Il est magnifique par sa taille autant que par son contenu.

Ce tableau est assez grand, la couleur de fond est le vert. Les couleurs de ce tableau sont à la fois sombres et vives, ce qui caractérise bien l’ambivalence de caractère de Basquiat, nerveux mais à la fois doux.


Son travail d’artiste est intéressant parce qu’il a une touche particulière, tout comme Picasso, qu’il admirait. Il dessinait comme un enfant, comme on le voit sur ce tableau, avec de la peinture formant des traits simples. Il n’a pas le souci du détail méticuleux. Les limites entre le dessin et la peinture sont ici floues. Basquiat mélange les deux techniques, superposant les couches de peinture sur lesquelles il dessine au pastel gras, ou recouvrant de peinture une partie de son dessin. Il colle parfois aussi du papier sur la toile, comme le faisait Picasso à l’époque cubiste, et y introduit des dessins photocopiés.

On voit au centre un personnage Noir jouant de l’accordéon et se faisant filmer par une autre personne.  Je pense qu’il est le sujet principal de ce tableau car Basquiat rend souvent hommage à la musique. Dans un documentaire, il a même été filmé en faisant de la musique.

L’histoire du titre de ce tableau est la suivante :
-       Le zarico (Zydeco en anglais) est un genre musical apparu dans les années 1930  en Louisiane. L'instrument de prédilection est l'accordéon.
-       Le mot « zarico » viendrait de la perception anglo-américaine d'un morceau traditionnel « Les haricots sont pas salés », devenu par la suite, « zarico », tout court.

Son contenu attire l’œil, les touches de couleurs vives représentent des objets importants comme le caméscope ou les couronnes, ce qui est très important pour mettre en valeur la royauté des musiciens Noirs encore stigmatisés à l’époque. Dans tous les tableaux qu’il a pu faire tout au long de sa carrière il a rendu hommage aux sportifs et musiciens afro-américains comme Charlie Parker par exemple.
Ce tableau reste assez complexe à expliquer car il est plein de petites touches qui semblent n’avoir rien à faire les unes avec les autres. Comme ces têtes d’extraterrestres, je ne saurais pas vous dire ce qu’elles font là ; c’est aussi pour cela que ce tableau m’intrigue !

En résumé, ce tableau résume l’amour de Basquiat pour la musique et pour la peinture.
Samia





Life Like son of Barney Hill 


Cette œuvre m’attire plus que les autres car, au premier coup d’œil, j’ai compris ce qu’il en ressortait. Cela dit, elle est assez complexe car elle est composée de cinq panneaux qui racontent deux faits différents. D’un côté la lutte pour les droits civiques, des Noirs d’Amérique et de l’autre, une histoire surnaturelle avec des extraterrestres. Ceci explique la présence du nom de « Barney Hill » dans l’intitulé de l’œuvre.
Pour réaliser cette toile, Basquiat utilisa de l’acrylique, du pastel gras et des collages de photocopies.
Le premier panneau montre la position de l’artiste envers le racisme et la condition noire aux États-Unis. Le racisme était et est toujours un fait délicat pour certaines personnes. Basquiat a su exprimer ce que pensaient les personnes victimes du racisme à travers ses œuvres. Ce qui ressort de ce premier panneau est la pièce de monnaie de « five cents » (cinq centimes) à l’effigie de Barney Hill qui à l’époque était très impliqué dans la cause des afro-américains. Il est connu pour son travail en faveur du NAACP qui est une association pour « l’avancement » des gens de couleur. Barney Hill est représenté sur la pièce ainsi que le mot « liberty ». Cela montre bien la position de Basquiat dans sa revendication pour la liberté des Noirs, victimes à l’époque d’injustice et de discriminations.
 Les autres panneaux nous racontent une histoire : celle de l’enlèvement de Barney Hill et de sa femme par des extraterrestres. En effet, lors d’un trajet en voiture le couple aurait perçu un objet volant se rapprochant d’eux ainsi qu’un étrange son les envahissants. Puis, soudain, ils auraient parcouru 55 km sans en garder le moindre souvenir. De retour chez eux, ils avaient deux heures de retard comme s’ils avaient voyagé dans le temps. Mais aussi des griffes sur les chaussures, des douleurs sur le dos. Tout cela serait dû à leur tentative de fuite afin d’échapper aux extraterrestres qui les auraient fait monter dans leur ovni pour leur faire subir une sorte d’examen médical. Sur les quatre panneaux, nous pouvons distinguer un visage de couleur grise qui correspond à la description de l’extraterrestre gris donnée par la femme de Barney Hill. Basquiat utilise les termes de « skin »(peau) et « Head » qui selon moi a deux significations : celle de tête et de leader qui se rattacherait plus au premier panneau. Si l’on rassemble les deux termes, on obtient « skin head » qui est un mouvement d’extrême droite raciste dont était victime à l’époque les Noirs d’Amérique.
Le dernier panneau nous raconte l’histoire de l’enlèvement de Barney Hill par des extraterrestres mais on y voit aussi le côté ironique mis en avant par Basquiat. En effet on peut y voir un visage déformé avec un seul œil accompagné d’une question « son of Barney Hill ? ». Cela représenterait le fils de Barney Hill avec les traits d’un extraterrestre. Mais aussi la lettre « S » mise en évidence à l’intérieur d’un triangle à l’envers comme celui de Superman aurait un lien avec les extraterrestres car Superman est un homme volant. Basquiat fait ici allusion aux super-héros de BD qu’il met beaucoup en avant dans ses toiles. Tout cela relève du surnaturel et confirme le désir de pouvoir et de liberté afin de combattre le racisme et le regard que portaient certaines personnes sur les afro-américains comme étant des personnes étranges avec des traits, des cheveux, une couleur de peau différents.
En une seule œuvre, Basquiat a su nous raconter une histoire, celle de la traite des Noirs aux États-Unis. L’assemblage des différentes formes, motifs, dessins tel un rébus nous fait comprendre le sens de l’œuvre.
Près de 26 ans plus tard, ce que Basquiat et plusieurs militants contre le racisme souhaitaient arriva : un Noir (Barack Obama) est choisi comme Leader des États-Unis.
Nawell







CRITIQUE DE LA SOCIÉTÉ AMÉRICAINE

Le tableau choisi a été fait en février 1981, le titre me semble être Loans  (qui veut dire « prêts » en français). Il est écrit en haut à gauche. Les outils utilisés sont la peinture acrylique (peinture utilisée aussi par Andy Warhol à son époque) et le pastel sur toile.
 Pour commencer, en regardant attentivement ses tableaux, on note que Basquiat n’a pas de technique spécifique, il semble se laisser guider par ses émotions, ses opinions (politiques ou sociales). Basquiat a un savoir-faire, un talent qu’il utilise. La plupart de ses tableaux sont assemblés en triptyques (coupés en 3 parties) mais Loans est assez simple dans sa réalisation, que ce soit dans la couleur (noir, blanc, bleu) ou dans le graffiti. Ce tableau met en scène un personnage, une situation qui ne lui sont pas inconnus. Les couleurs  utilisées désignent explicitement les personnages :  l’homme noir par la couleur noire et les officiers de police en bleu avec un képi. Les thèmes dominants de ce tableau sont L’homme Noir, New York et la police.
 Ce tableau met en scène deux officiers de police — dont l’un arbore une étoile sur son torse comme un insigne — qui entourent un jeune homme noir très particulier. Particulier car il a une auréole sur la tête.  L’auréole est un anneau de lumière disposé au-dessus d’une personne, le plus souvent utilisée en religion pour indiquer la sainteté. Les questions qu’on peut se poser sont :
1) Comment se fait-il qu’un être saint puisse se faire embarquer par deux officiers qui sont censés maintenir l’ordre ?
2) Les officiers sont-ils des êtres maléfiques ?
3) L’homme noir subit-il l’injustice d’une société, d’un gouvernement ?

Pour répondre à cela nous savons que Basquiat cherche à compenser dans ses toiles l’injustice faite aux Noirs : leur mettre couronne ou auréole, c’est leur accorder enfin leur vraie valeur. Basquiat peint souvent des personnages tels que Casus Clay ou Jesses Owens, eux aussi avec une auréole ou une couronne ou l’inscription « CHAMPION » en graffitis. Le tag est un moyen d’exprimer son mécontentement, Basquiat revendique ainsi, dans cette toile du début de sa vie d’artiste, la liberté de jouir des mêmes droits avec  une couleur de peau différente. 

 Par déduction, Basquiat veut montrer que l’homme noir est un homme saint, que cet homme subit l’injustice des autorités de la ville de New York et qu’il est « prêt »( loans) à se battre pour être à son tour vainqueur comme Jesse Owens, poing levé pendant les Jeux Olympiques de 1936 ou comme dans la chanson Now de Lena Horne.

On peut juger que Basquiat est influencé par le contexte historique ;  il ne cherche pas à trouver une solution à ces problèmes ;  il cherche plutôt à ne pas revendiquer ses opinions par la violence physique mais par celle de ses oeuvres.
Gaétan









Mon choix se tourne vers la toile Arm and Hammer II réalisée par Basquiat et Andy Warhol, artiste américain du Pop Art dont il est l'un des pionniers. Né en 1928, il est un mentor, un père spirituel pour Basquiat qui a toujours voulu être reconnu par lui. Il lui a d’ailleurs vendu ses premières œuvres : des cartes postales à 1$. Ils lient d’une très forte amitié en 1983. La mort de Warhol à New York le 22 février 1987 entraînera Basquiat dans le désespoir.

 Arm and hammer  est une œuvre réalisée en 1984 sur une toile avec de l'acrylique. On distingue deux cercles où l'on peut voir écrit « arm and hammer » qui est une levure chimique connue de tous les Américains. Chaque artiste a peint un cercle.
Dans l'un des deux est représenté un bras d'homme fort et musclé avec un marteau à la main. Comme à son habitude, Wahrol reprend en sérigraphie des publicités et slogans de l’époque pour interroger la société de consommation. On peut y voir aussi un geste amical de Warhol envers Basquiat, pour sa passion pour l'anatomie. 
Le second cercle met en valeur un homme noir jouant du saxophone. On le retrouve dans plusieurs œuvres de Basquiat, ce qui produit souvent un effet de slogan politique militant. Le fait que le musicien soit noir évoque le monde du jazz duquel Basquiat se sentait proche. La date 1955 correspond à la mort de Charlie Parker saxophoniste alto américain, musicien influent de l'histoire du jazz, à qui il rendait souvent hommage. En effet, le mot « commemeritive » est barré comme souvent chez Basquiat. Il signifie « commemoratif » en français. Inscrit dans une barre bleue, cela devient  comme une plaque commémorative.


Ce tableau est une œuvre qui est très difficile à comprendre au premier abord, car Basquiat avait une façon désordonnée de placer ses idées sur la toile. En reprenant chaque élément un à un, et en m'informant sur sa vie,  j'arrive à comprendre que son œuvre est un mélange de sa vie. Cela reflète bien sa vie mouvementée et engagée.
J'apprécie ce tableau car c'est un assemblage de plusieurs moments de sa vie, ce qui m’a permis d'en apprendre plus que ce que je croyais sur lui en une toile, comme sa passion pour le jazz ou encore sa forte amitié avec l'artiste Andy Warhol.
Memiss



DESEPOIR ET ANGOISSE



Le tableau qui m’a plus touchée s’intitule « Light Blue Mover », daté de 1987, la fin de sa carrière et de sa vie. Cette œuvre est réalisée sur toile avec de l’acrylique et du pastel gras. Sur ce tableau, on voit deux hommes noirs vêtus d’une combinaison de couleur rouge, qui ressemble aux tenues vestimentaires des prisonniers ou des déménageurs. Ils transportent un fauteuil rouge. Au premier plan, on voit l’expression du visage du livreur qui semble être en colère ; on peut le constater par les signes d’exaspération qui nous laissent penser que le fauteuil est assez lourd. En bas à droite, on voit une tache marron qui peut être des excréments ou un cafard écrasé.

Ce qui m’a le plus touchée, c’est cette image de souffrance et de rage qui ressort dans cette toile et qui révèle le fort intérêt et la fierté pour l’identité noire du peintre. Basquiat, quoique célèbre, s’identifie avec les personnages noirs malmenés par l’Amérique.

Amandine




L’œuvre de Basquiat que j’ai préférée est le Crâne ; pour ses couleurs vives et la grandeur du tableau. Ce tableau montre notamment que Basquiat était un homme blessé, avec cette cicatrice qui sépare le crâne en deux. On peut éprouver à gauche le sentiment de tristesse avec cet œil bleu, presque fermé et le haut du crâne tout noir. Cela veut peut être dire qu’il avait des idées noires et donc un penchant pour la mort. A droite s’exprime le sentiment de colère dans cet œil rouge, les dents serrées et fissurées. Dualité de Basquiat, exactement comme le fond, un côté bleu pour la nostalgie et un côté rouge pour la colère.
Je pense qu’à regarder ce tableau, on peut voir la personnalité de Basquiat : les cicatrices tout autour du crâne montrent l’ambivalence de l’artiste, partagé entre tristesse et rage.
J’ai beaucoup aimé ce tableau, on oublie presque que c’est un crâne  inspiré des Vanités où les peintres classiques peignaient un crâne entre une fleur et un sablier pour symboliser la mort et la vitesse à laquelle le temps peut passer.  Je pense que ce n’est donc pas par hasard si Basquiat a repris ce tableau vu son penchant pour la mort mais il se l’approprie grâce à des couleurs plus vives opposées aux couleurs sombres et sobres présentes dans les Vanités.
À travers  ce tableau on découvre alors un homme partagé entre deux mondes : la colère et la tristesse, la mort et la vie. Qu’une seule chose rassemble : sa peinture. 
Magalie


Vanité de Philippe de Champaigne





J’ai choisi le « Crâne » (1981), l’une des œuvres essentielles de Basquiat qui m’a attiré du fait de sa tristesse et de ses formes. Il me semble que cette œuvre est un autoportrait.
Basquiat s’inspirait de divers événements, de la musique, de l’anatomie, des masques africains et des boxeurs américains. Ainsi plusieurs sources d’inspiration le conduisaient souvent à varier ses tableaux. L’artiste offre ici une œuvre considérable habitée par la mort, la blessure et sa propre destinée. Sa peinture passe de la rue au tableau, exploitant la multiplicité des supports.
Le tableau est séparé en deux côtés, l’un bleu et l’autre orange/rouge. Le côté bleu signifie une nostalgie profonde, un mal être. L’autre côté inspire une colère.
Des cicatrices tout autour du crâne,  même à l’intérieur, de formes et de tailles diverses. À l’intérieur de ces formes, les couleurs plutôt sombres des mauvais souvenirs qui le rendent triste et amère.
Les dents sont bien serrées comme celles d’un boxeur qui anticipe les coups. Il anticipe les coups durs de la vie.
Les yeux sont à moitié fermés comme si les paupières étaient lourdes, il est peut-être mi-mort, mi-vif.
Jean Michel Basquiat avait prédit ce qui allait lui arriver.
Comme Baudelaire, Basquiat est lui aussi un prodige maudit et ce sont surtout ses malaises qui font que ces œuvres sont de l’art et pas seulement des toiles.

Slimane





Fallen  Angel, 1981
Basquiat a peint cette œuvre vers la fin de sa vie. Cette œuvre est réalisée avec de acrylique et du pastel sur toile. Ce tableau s’apparente à une scène religieuse. Il utilise une très large gamme de couleurs. Ce tableau est plat donc n'a pas de perspective, comme les icones. De plus ce tableau représente un ange de sexe masculin, ce qui est étrange puisqu’on dit que les anges n'ont pas de sexe. Cet ange est peint de manière à évoquer de manière significative une scène de crucifixion. Toile irrévérencieuse ! Ce qui est censé être ses ailes pourrait nous faire penser à un ange déchu ayant succombé à la tentation du pécher. Cet ange est doté d'une auréole couverte d'épines. Cet ange pourrait être assimilé à un être humain. Toutefois ce tableau est censé représenter une scène religieuse mais on dirait plutôt  une scène de marabout, qui pourrait être expliquée par les origines Haïtienne de la mère du peintre.
Cette toile semble rendre hommage à plusieurs artistes connus tels que  Van Gogh ( dont il utilise les couleurs vives), les toiles religieuses et l’art vaudou. Cette œuvre synthétique montre un esprit libre et contestataire
Samira

L'ange est représenté avec les bras ouverts comme de grandes ailes avec des plumes comme des ailes de poule.
L’ange a une couronne d'épines.
L'ange est  peint comme s’il était un homme ; on voit son sexe masculin.
L’ange a des intestins que l’on voit à travers sa peau.
L’ange ressemble à un personnage de B.D.

Basquiat a subi durant sa jeunesse beaucoup d’épreuves, il les transcrit à travers cette œuvre.
Cette peinture est inspirée des tableaux  religieux, car on distingue un ange mais aussi  Jésus cloué sur la croix.  On peut dire que cette représentation est plutôt caricaturale car on voit le sexe l’ange. Dans les représentations religieuses Jésus n’est jamais montré nu, il a  toujours été peint de sorte que ses parties génitales soient couvertes. Il veut montrer dans ce tableau la supériorité de l’homme avec l’exhibition du sexe de l’ange.

Chaque époque de la peinture gagne en liberté. Basquiat a pris cet avantage pour peindre un ange provocateur.
Mais cet ange souffre. Basquiat, derrière la provocation, transmet sa peine au travers d’une toile de manière très violente.
Sarah










Durant cette visite, j'ai été retenue par un tableau situé dans la salle 12 dont le titre est She installs confidence and picks up his brain like a saladin. J'ai choisi ce tableau car Basquiat utilise ici un style très original, nerveux, violent en un mot énergétique. On y retrouve également des images de la rue, des jeux d'enfants, des bâtiments, des visages en forme de masque. Cependant, on peut voir que Basquiat réalise cette œuvre dans une rue de la ville de New York sur une palissade avec de la peinture. Cela est une manière pour lui de nous faire partager son intérêt pour l'identité noire et haïtienne et aussi nous revenir aux supports qu'il utilisait dans ses débuts.

 Sur ce tableau,  Basquiat peint un homme sans le reste du corps avec des poumons en sang, le visage noir, les yeux barrés. Des taches de sang. Cet homme a les bras tendus vers une tâche marron et juste au dessus de ses bras est marqué « idéal ». 
On pourrait croire que cet homme n'est autre que Basquiat lui-même, car les taches de sang sur cette palissade nous rappellent son accident. Il nous montre à quel point son corps a souffert suite à l'accident puis à la drogue sans oublier à quel point il se sent étouffé dans sa peau et n'a qu'une seule envie : que la mort le prenne.
Malgré sa souffrance, il continue de se battre. En effet, on peut voir qu'il tend ses bras car il essaye d'atteindre l'idéal qui se trouve juste
au dessus. Mais cela est impossible. Il ne peut qu'atteindre cette tache de couleur marron qui représente une « vie de merde », comme s’il avait l'impression que tout dépend de la couleur de peau et vu qu'il est noir, il ne pouvait pas rêver d'une meilleure vie. Malgré la célébrité, il est né pour vivre dans l'ombre.
Yasmina D